Résumé
Régis Coudert, né en
1934 dans la campagne corrézienne, est un être passionné,
rebelle, généreux, créatif… hors du commun.
Photo de JP Mabille
Originaire de Haute Corrèze, Régis hérita
d’une terre à Meilhards, près de Chamberet, en limite de
Haute-Vienne. Les plaques bleues de concours sont le souvenir de l’un de
ses ancêtres, déjà éleveur. Le jeune garçon,
qui tout petit, collectionnait des vaches-jouets, suivit ses traces.
Passionné par la terre, la nature,
les animaux, et par-dessus tout par les vaches, qu’enfant il collectionne
en miniature, avant de se faire éleveur !
Concours agricoles
et médailles : les connaisseurs admirent la génisse présentée
au Comice par Régis
Éleveur ? À l’heure où
tant de jeunes quittent le travail de la terre, dur et pas assez rentable,
lui a décidé de lutter contre la fatalité et de trouver
une méthode qui non seulement lui permettrait d’en vivre mais pourrait
aussi retenir au pays sa jeunesse. L’idée géniale, ce fut
son combat, novateur dans les années soixante, fut de sortir les
vaches de leurs étables pour les lâcher dans les prairies,
été comme hiver, et les y faire brouter à volonté
une belle herbe gratuite. Ce sera le début des “broutards”.
Des vaches élevées
en plein air, toute l’année, par tous les temps, ce qui les rend
plus saines et plus robustes : une révolution souvent critiquée.
Des hostilités, il y en eut. Mais le
mouvement, relayé par d’autres, fera connaître de par le monde
les extraordinaires qualités des « Limousines ».
Il vous raconte ici son étonnante
aventure.
C’est par passion
pour son pays, pour éviter que les jeunes, fils de paysans, quittent
la terre, que Régis met au point un mode d’élevage qui leur
permettra d’y gagner leur vie : en mettant les vaches à l’année
dans les près, c’est moins de contraintes (pas d’étables
à nettoyer, pas de bâtiments à entretenir), une nourriture
plus saine (seulement de l’herbe), des animaux plus robustes
Dans les années 50-60, l’agriculture
traverse une grave crise, en Limousin notamment, où les méthodes
paysannes sont de très long héritage
.
Déjà dans ses petits carnets de pensionnaire, le jeune
garçon, rêvant à sa ferme, dessinait et concevait son
matériel : tracteurs, remorque, mécanismes
Soucieux d’y retenir les jeunes, Régis
Coudert va révolutionner la vie des fermes en faisant sortir les
vaches de leurs étables pour les élever dehors en toutes
saisons, même dans la neige!
C’est un tollé ! Il y est pourtant
encouragé par tout un groupe de propriétaires éleveurs
dynamiques, dont l’action mènera à la célébrité
et à la diffusion de la race bovine limousine à travers le
monde.
Mais
que les limousines, réputées un peu sauvages, restent dociles,
il fallait les élever avec douceur, leur parler, les apprivoiser
en quelque sorte : toute une éducation !
Une “extraordinaire aventure”.
Sa verve et son humour racontent son enfance
en Haute-Corrèze, son éveil à la nature et aux animaux,
dont il collectionnait les figurines, sa dure participation à la
Guerre d’Algérie, sa vie pas toujours facile d’éleveur-sélectionneur,
et enfin sa passion pour tous les vieux objets qu’il ne se résout
pas à voir mourir.
La méthode
porta ses fruits. Doublée d’une sélection très étudiée,
mise au point par un groupe d’éleveurs novateurs rassemblés
autour d’un CETA (Centre d’études technique agricole), elle donna
des animaux d’élite qui bientôt raflèrent de multiples
prix dans les concours et comices.
Engagé et visionnaire, ce pionnier
tempête contre les injustices, s’indigne face aux lâchetés,
mais toujours avec la volonté d’œuvrer pour son “pays”, la Corrèze.
Dans
sa démarche, Régis fut rejoint par des éleveurs de
Corrèze et de Haute Vienne qui, groupés derrière Louis
de Neuville, surent se donner des méthodes de sélection et
d’élevage (Herd book, CETA, ELPA, station de Laplaud, pôle
de Lanaud…), qui firent connaitre dans le monde entier - Argentine, USA,
Japon, Chine…) la race bovine limousine
Non, contrairement
bien des idées, il n’était pas cruel de laisser des vaches
dans la neige, à condition de les entourer, de les choyer : elles
s’y sentent en liberté, heureuses
La génisse,
docile, reçoit les câlins et les bons soins de la petite fille,
qui veille à l’étriller tous les jours
Une
deuxième passion de Régis, quand la retraite est venue :
sauver tous les objets dont les hommes ne voulaient plus et jetaient, alors
qu’ils avaient rendu tant de services. Les récupérer et leur
redonner vie : une riche collection.
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